Madagascar fait partie du domaine indo-pacifique tropical où les récifs coralliens constituent l’écosystème marin littoral type (Pichon, 1978), et est un hot-spot majeur de la biodiversité dans l’océan Indien occidental. La partie Est de l’île, exposée à l’Océan Indien est beaucoup moins riche en récifs coralliens que l’Ouest, du côté du Canal du Mozambique. A l’Ouest, les récifs coralliens sont surtout développés depuis Androka (au Sud) limité par le fleuve Linta jusqu’à Antsiranana au Nord. A l’Est, les récifs co-ralliens se répartissent depuis le cap d’Ambre (Antsiranana) jusqu’à Toamasina. Mais, comme dans de nombreuses autres régions, les récifs coralliens entourant l’île sont confrontés à des perturbations à grande échelle et à des facteurs de stress locaux induits par l’homme.
Nous avons analysé la variation spatiale multi-échelle de la composition, de la richesse générique, de l’abondance, des stratégies d’histoire de vie et de la couverture des assemblages coralliens parmi 18 stations placées dans trois régions autour de l’île. Les influences potentielles des AMP, de la couverture algale, de la rugosité du substrat, de la biomasse des poissons herbivores et de la localisation géographique ont également été analysées.
Les résultats ont mis en évidence la variabilité spatiale marquée, avec des variations à l’une ou l’autre des échelles régionales et locales pour tous les descripteurs de coraux. La région côtière Nord-est de Masoala était caractérisée par une forte abondance de colonies coralliennes, notamment des genres compétitifs Acropora et Pocillopora et des taxons tolérants au stress dans plusieurs stations. La station Sud-ouest de Salary Nord se distingue par des abondances plus faibles, avec des populations appauvries de taxons compétitifs. Sur la côte Nord-ouest, Nosy-Be est caractérisée par une diversité et une abondance plus élevée ainsi que par une couverture corallienne élevée (~42–70%) enregistrée dans des stations non exploitées.
Les résultats soulignent clairement les effets positifs des AMP sur tous les descripteurs coralliens sauf un, en particulier à Nosy-Be où le contraste le plus élevé entre les stations pêchées et non pêchées a été observé.
En effet, l’abondance des 10 principaux genres de coraux dans chaque région, ainsi que d’autres genres moins représentés (“autres”), était très variable entre les stations et les régions. Acropora était le corail le plus abondant au niveau de huit des 18 stations, avec des valeurs particulièrement élevées à NE1-NTZ et NE4 situées à Ma-soala et, dans une moindre mesure, aux stations non pêchées de Nosy-Be (NW1-NTZ, NW2-NTZ, NW3-NTZ).
La biomasse des poissons herbivores, la couverture d’algues coralliennes crustacées et la rugosité du substrat étaient également positivement liées à plusieurs descripteurs coralliens. La présence de récifs à forte diversité, abondance et couverture de coraux, y compris les Acropora compétitifs, est une découverte majeure de cette étude.
Nos résultats soutiennent la mise en place d’AMGL avec une forte implication des premiers usagers, notamment pour aider à la gestion dans des pays à ressources logis-tiques et humaines réduites comme Madagascar.
Randrianarivo M, Guilhaumon F, Tsilavonarivo J, Razakandrainy A, Philippe J, Botosoamananto RL, Penin L, Todinanahary GGB and Adjeroud M (2021) A contemporary baseline of Madagascar’s coral assemblages: Reefs with high coral diversity, abundance, and function associated with marine protected areas. PLOS ONE, 17(10): e0275017. (https://doi.org/10.1371/journal.pone.0275017)