Les coraux noirs sous menace, mais des études montrent de l’espoir

Les résultats de nos études sur les coraux noirs dans la région de l’océan Indien occidental sont encourageants et peuvent être utilisés pour élargir les connaissances sur la biologie des coraux noirs. Cela permettrait de proposer des alternatives à l’exploitation sauvage de ces animaux protégés et fournirait également des informations précieuses pour les décideurs afin de déterminer et mettre en œuvre des stratégies de gestion adaptées pour les coraux noirs et leurs habitats.

Les Antipathaires, également connus sous le nom de coraux noirs, sont des organismes coloniaux présents dans le monde entier, des latitudes tropicales aux latitudes polaires et des eaux peu profondes aux profondeurs abyssales. On compte 247 espèces décrites.

Pendant longtemps, surtout dans les régions tropicales, les coraux noirs ont été utilisés comme monnaie, à des fins médicinales et pour la fabrication de bijoux. Sauf à Hawaii où ces pêcheries sont bien connues, les récoltes de coraux noirs se font généralement sans stratégies de gestion claires, en particulier dans la région de l’océan Indien occidental.

À ce jour, la côte est de l’Afrique et les îles de l’océan Indien font partie des régions les moins contrôlées en ce qui concerne le commerce des coraux noirs. À Madagascar, les récoltes illégales ont augmenté depuis 2011, malgré un décret ministériel depuis 2014 interdisant toute forme d’exploitation. Le département en charge de la surveillance des pêches continue d’arrêter les plongeurs qui collectent des coraux noirs dans le sud profond de Madagascar. Le dernier arrestation remonte à octobre 2021, avec la saisie de 38 kg de squelettes de coraux noirs et des dizaines d’équipements de plongée. 

Des recherches récentes menées par l’Institut Halieutique et des Sciences Marines de l’Université de Toliara et ses partenaires belges ont mis en lumière les conséquences de ce commerce illégal. Certaines espèces de coraux noirs figurent déjà à l’Annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), mais en raison du manque de connaissances dans la région de l’océan Indien occidental, il est impossible d’établir une politique de conservation fondée sur des preuves, et donc aucun Antipatharia ne figure actuellement sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Les informations sur la collecte illégale des coraux noirs à Madagascar sont consultables dans notre article : Todinanahary GGB, Terrana L, Tsiresy G, Eeckhault I, Lavitra T (2016) First records of illegal harvesting and trading of black corals (Antipatharia) in Madagascar. Journal of Madagascar Conservation and Developpement, 11: 1, DOI: 10.4314/mcd.v11i1.5

(a) Grands sacs contenant des squelettes de corail noir séchés à Ambovombe, Androy. (b, d) Détails des squelettes de corail noir collectés. (c, t) Photos des bouteilles de plongée utilisées par les braconniers saisies par les autorités à Kotoala, dans la commune d’Ambazoa à Ambovombe. (e) Un corail noir ramifié appartenant à la famille des Myriopathidae, photographié au large de la côte sud-ouest de Madagascar à environ 20 mètres de profondeur. Ce corail présente la même forme et appartient à la même famille que les coraux récoltés à Tolagnaro. (g) Morceaux de coraux noirs collectés dans la région d’Anosy montrant l’échelle des coraux qui sont récoltés. (barre d’échelle : 1 cm).

La figure suivante illustre toutes les parties impliquées dans l’exploitation des stocks naturels – inconnus – de ressources naturelles, y compris les coraux noirs à Madagascar.

Diagramme montrant les procédures normales pour l’exploitation des coraux noirs. Le stock naturel d’antipathaires doit être contrôlé à travers trois parties clairement définies : la recherche et la gestion effectuées et assurées essentiellement par des centres publics et le gouvernement ; la consultation et les études d’impact de l’exploitation sur l’environnement et les sociétés humaines locales ; et l’exploitation elle-même, comprenant la récolte, la collecte, la transformation et l’exportation. De plus, les pourcentages d’exploitation de chaque partie ne sont pas encore connus pour les coraux noirs.